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Mongolie, le Nomad's land
27 octobre 2009

Entre animisme et bouddhisme

Lundi 7 septembre 2009

   Le petit déjeuner est servi à 7h30. Libre à chacun de s'organiser pour être prêt à temps. Au menu, petit déjeuner continental avec omelette et saucisse. Nous goûtons également pour la première fois au thé mongol, le süütii tsai, un thé salé au lait de jument. Seconde étape de la journée, le démontage de la tente, activité qui a souvent été rapidement exécutée à cause du froid ambiant le matin. Enfin, le départ est précédé de la distribution d'eau bouillie pour la journée.

   En attendant que l'équipe locale ait déjeuné et démonté le reste du camps, nous sommes partis en marchant à travers la vaste plaine herbeuse. Nous avons d'abord aperçu les premières yourtes.

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En passant à proximité de l'une d'elles, un éleveur et son fils sont venus à notre rencontre. Ils sont à la tête d'un troupeau de 650 bêtes comprenant 4 des 5 museaux (manquent les chameaux plutôt localisés dans le Gobi, quoi que ...). 

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Seule Onon, notre guide, converse avec eux car l'anglais est très peu répandu en Mongolie et que nous ne parlons ni russe, ni mongol. Le mongol est une langue altaïque présentant des similarités avec le turc, le japonais et le coréen. A l'origine, l'écriture comportait 26 lettres et était horizontale. Sous l'"influence" russe, le cyrillique a été adopté en remplacement et la langue a évolué. En Mongolie Intérieure (Chine), un dialecte proche de l'original survit et utilise des expressions plus imagées. En Mongolie, il n'est pas rare que des lettres voire des syllabes entières disparaissent à l'oral (ex : "Bayarlalaa" qui signifie merci et se prononce "bayartla"). A l'école, le russe était jusqu'en 1992, la seconde langue obligatoire. Elle est donc encore bien maîtrisée dans les campagnes. Mais depuis lors, l'anglais prend progressivement le dessus.

En continuant  notre marche, Onon nous dispense son "enseignement" (les parties en bleu dans mes posts) : elle nous donne tout un tas de détails sur de nombreux aspects de la vie quotidienne, du nomadisme ... MERCI ONON ! Un peu plus loin, nous retrouvons la route mais la longeons en contrebas. La circulation est exceptionnelle/rarissime. Tout à coup, surgissent de nulle part 2 cavaliers qui se dirigent vers nous. Après échange de quelques mots, nous demandons leur accord pour les prendre en photo. "Oui, mais nous ne sommes pas bien habillés". Nous : "Mais si ! Et ne vous en faites pas, nous ne prendrons que les chevaux !"

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Sur la première photo, le cavalier de droite porte la deel, la tenue traditionnelle. Il en existe une pour l'hiver et une pour l'été (parfois à manches courtes). Elles sont confectionnées en général avec du feutre, du coton ou de la soie pour les plus riches. L'usage du cuir est plus rare. Une ceinture en tissu de plusieurs mètres, souvent jaune (photo), verte ou orange, enserre la taille. L'apparence est généralement soignée et complétée par une tabatière et un couteau. Lors des visites ou des rencontres, les nomades peuvent "échanger" leurs tabatières et le style de celles-ci témoigne de leur statut et de leur prestige.

Après avoir été photographié par 8 touristes, l'un des deux cavaliers détalle au galop tandis que son acolyte se contente de traverser la route pour rejoindre son troupeau.

   Les véhicules ne tardent alors plus à nous rattraper. Nous empruntons d'abord le long ruban asphalté puis bifurquons sur la droite. Nous entamons ainsi notre première piste du voyage ce qui n'est pas très sensationnel dans ce pays où seuls 2% des 50 000 km de chaussées sont bitumés. Après quelques kilomètres, nous parvenons à un cairn appelé là-bas ovoo. Ceux-ci sont souvent positionnés sur les hauteurs. Il est de coutume soit de les contourner par la gauche, soit de s'y arrêter. Dans le second cas, il faut ramasser 3 pierres et les lancer sur le tas tout en accomplissant 3 tours complets dans le sens des aiguilles d'une montre. Les esprits protégeront alors notre voyage. Il est également possible de faire un voeu ou une prière. "Pourquoi trois pierre et pas une seule ?" Onon : "Car une pierre, ce n'est rien. 2 pierres c'est un cadeau mais on n'offre jamais un seul cadeau, d'où le troisième caillou".

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Nous avons cependant probablement fait preuve de peu de convictions dans cette tâche car les esprits nous ont rapidement joué un mauvais tour. Quelques minutes plus tard, le Mitsubishi d'Erka s'arrête sur le bord de la piste pour réparer le roulement à billes d'une des roues. Nous en profitons pour faire un tour dans les environs soit vers les bergeries, soit vers les sommets pour avoir un panorama sur les environs.

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Je choisis la seconde solution. Durant la montée, nous rencontrons sur le chemin de nombreux edelweiss. Arrivés au sommet, la vue porte sur les vallées et les champs des alentours.

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Une fois  revenus près des véhicules, le dysfonctionnement est presque réparé. Nous longeons donc la piste à pied avant d'être repris par notre convoi. Une dizaine de kilomètres plus loin, nous atteignons une vaste vallée appelée Iven Gol avec de nombreuses yourtes et du bétail. Au fond de celle-ci se trouve le monastère d'Amarbayansgalant ou "monastère de la félicité tranquille".

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Pendant que Tuya prépare le déjeuner, nous allons visiter ce site très réputé dans le pays. Il a été construit entre 1727 et 1736 par l'empereur mandchou pour abriter les reliques du premier Bogd Han (chef spirituel et religieux) Zanabazar mort à Pékin. Il abritait  au temps de sa splendeur 7 collèges en doctrine, astrologie, médecine et ésotérisme. Il a échappé à la destruction en 1937, date où les soviétiques détruisirent de nombreux monastères et tuèrent nombre de moines. Il compte aujourd'hui une trentaine de moines.

Dressé quelques mètres devant l'édifice religieux, un pan de mur protège le lieu sacré contre les mauvais esprits.

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Le style architectural est plutôt chinois, le financement ayant été manchou. Pour la visite, un moinillon nous sert de guide. Les temples étant tous fermés, il se sert de son trousseau pour ouvrir les cadenas bloquant les lourdes portes en bois. La visite commence par la Grande Salle d'Assemblée, un lieu de prière comprenant 108 colonnes réparties sur 2 étages. Au fond de celle-ci, une statue dorée en l'honneur de l'initiateur du bouddhisme des bonnets jaunes (le courant répandu en Mongolie et venant du Tibet). Elle est encadrée de chaque côté par 500 statuettes de cette même personne. De nombreuses offrandes, monétaires ou alimentaires, se trouvent également dans la pièce principale.

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Derrière cette première construction, 3 autres se dressent. De droite à gauche :

  • le Temple du Mandala qui abritait autrefois le mausolée du 4ème Bogd Han

  • au centre, le temple de Shâkyamuni contenant une statue de Bouddha médecin avec deux élèves et 16 autres disciples à ses côtés.

  • le Temple d'Amitâyus, l'ancien mausolée du premier Bogd Han Zanabazar. Il reste aujourd'hui dans celui-ci juste la terre d'origine. L'édifice abrite également une statue de ce personnage et des tapisseries illustrées.

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Enfin, nous achevons la visite avec le monastère des 10 gardiens (dont une femme). Leur allure sévère permet de chasser les mauvais esprits et de protéger ainsi le monde.

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Comme à Gandan, on remarque au-dessus des différents temples une statue dorée représentant un disque entouré d'une biche et d'un cerf. Il s'agit en réalité de la Roue de la Vérité qui diffuse les enseignements du Bouddha aux 4 coins du monde. Les deux cervidés correspondent à ses deux premiers auditeurs.

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   La visité achevée, nous repartons à pied vers le lieu de pique-nique. Sur notre chemin, plein de petits rongeurs, semblables à des écureuils, gambadent sur la piste et dans les herbes. Il s'agit de sousliks. Nous prenons notre déjeuner au bord d'un ruisseau entourés de troupeaux de vaches et de chevaux.

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Cette "formalité" accomplie, nous pouvons partir pour une petite marche en attendant que le convoi ne nous rattrape. 1ère étape : traverser le ruisseau qui est plutôt une petite rivière si l'on se fie à sa largeur. Il n'y a pas vraiment d'endroit idéal pour traverser. Certains optent pour un bon détour en remontant le cours d'eau. Je préfère personnellement traverser là où nous sommes (au prix d'un bain de pied non désiré).

Avec Antoine, nous avons ainsi le temps de retraverser la vallée d'Iven Gol, de croiser un nomade à cheval et d'atteindre un ovoo ainsi qu'un moulin à prières mû par le vent.

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Au pied de celui-ci, un tas de déchets nous rappelle qu'ici il n'y a ni décharge, ni ramassage d'ordures. La plupart des déchets finissent donc dans la nature. Toutefois, il ne faut pas considérer pour autant les mongols comme irrespectueux de leur environnement car il est des domaines où ils auraient beaucoup à nous apprendre comme la préservation des cours d'eau. Par ailleurs, ce pays a d'autres urgences auxquelles il doit faire face avant de songer à régler le problème des déchets : l'autosuffisance alimentaire ou énergétique est encore loin d'être une réalité et 36% des habitants vivent sous le seuil de pauvreté (15€ par mois et par personne)! Enfin, la quantité de détritus jetés en pleine nature n'est rien en comparaison de ce que nous rejetons chaque jour dans nos pays.

   Nous montons alors chacun dans notre véhicule et reprenons la même piste que ce matin mais en sens inverse. Nous retrouvons également l'asphalte là où nous l'avions laissée. Les longues lignes droites se succèdent jusqu'à un col. Au sommet de celui-ci, nous marquons un nouvel arrêt et pour cause : à quelques mètres au-dessus de la route se dressent 2 ovoos. Le plus haut est même doté d'une statuette à laquelle ont été adressées des offrandes. Il est également ceint de nombreuses écharpes de soie de couleur vive, les khadag. La vue sur les environs est extrêmement dégagée. On peut par exemple voir les champs de céréales ou les poteaux électriques alignés au cordeau. C'est une constante dans ce pays.

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Protégés par les ovoos pour le reste de notre route (du jour), nous pouvons repartir tranquillement. Comme la veille, le déclin du soleil nous invite à nous arrêter pour la nuit. Nous quittons subitement la route, passons devant une bergerie, puis escaladons en véhicule une colline. C'est au sommet de celle-ci que nous établissons notre bivouac du jour. Fort de l'expérience de la veille, le montage de la tente est plus rapide. Un premier tour dans les environs permet de constater l'absence totale d'eau et de voisin. La douche à l'eau courante n'est donc pas pour ce soir ! Je rejoins Antoine pour un second tour; nous décidons de grimper sur les hauteurs. Le coin est riche en tombes turques : un amas de cailloux recouvrant la dépouille (ou ce qu'il en reste) et un périmètre sacré c'est-à-dire un rectangle dont la bordure est délimitée par des pierres. A chaque coin, une pierre dressée plus grande et plus haute que celles du reste du périmètre. De temps à autre, des cercles de pierres ont également été "tracés" à proximité comme pour y faire un feu.

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Du sommet, la vue est très dégagée. Tout autour de nous, une mer dont les collines seraient les crêtes des vagues. En ajoutant à cela le coucher de soleil, l'endroit est réellement magnifique. Et comme en mer, un vent (moins fort que celui de la veille) vient nous fouetter le visage.

Avant d'aller dormir, nous nous accordons une première petite veillée à la bougie. Un autre temps que je n'ai pas connu mais le confort moderne ne me manque absolument pas! Cette nuit a d'ailleurs été bien meilleure que la précédente.

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