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Mongolie, le Nomad's land
2 novembre 2009

Tout n'est que luxe, calme et volupté

Vendredi 11 septembre 2009

   A 3 heures, je me réveille brusquement : je ne sens plus mes pieds pas assez emmitouflés. J'ai donc passé un bon moment à les réchauffer. Finalement, acheter des chaussettes ou des chaussons à la vendeuse déposée hier soir au bivouac était une bonne idée ... que je n'ai pas pris la peine de considérer.

   Ce matin, le retard que nous comptions depuis le départ est enfin rattrapé. Au sortir de la tente, tout est blanc. Pas par la neige mais par le givre. Le lac Khövsgöl fume. Le paysage a changé depuis la veille.

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   Le rituel est aujourd'hui bouleversé car on passera une seconde nuit sur place. Pas de démontage de tente, c'est les vacances ! Au petit-déjeuner, Tuya nous confectionne un riz au lait. C'est toujours aussi bon !

   Nous partons en fourgonnette à la recherche de l'attraction du coin : une famille de Tsaatanes, les éleveurs de rennes, qui s'installe au bord du lac pendant la période touristique. Malheureusement pour nous, le froid les a poussés à repartir vers leurs contrées inaccessibles dans les montagnes. Nous ne les verrons donc pas. Grosse déception. Cette ethnie, aujourd'hui en déclin, perpétue également la tradition chamaniste. Le don du chaman peut sauter des générations. Pour se mettre en transe, ils recourent à la danse, aux chants et à la vodka. Ils finissent peu à peu par s'évanouir. L'esprit descend alors dans leur corps et répond aux questions qui préoccupent l'assistance. Aujourd'hui, de nombreux charlatans les imitent et abusent de la confiance de certains gens. Double déception ! Mais par rapport à tout ce que nous avons déjà vu et vécu et à ce qui nous attend, il ne me faut pas trop longtemps pour m'en remettre.

La guide nous propose alors une marche en forêt. La proposition est acceptée collégialement. Comme à Uran Togoo, nous pénétrons dans un "désert" sonore : pas un bruit n'émerge des alentours. Le silence. De temps à autre, en nous rapprochant du lac, nous entendons le clapotis des vagues sur la rive et le vent agitant les feuilles.

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Au sortir de la forêt, nous débouchons sur un camp de touristes (fermé à cette saison) et constitué de tipis. Ce type d'habitat est en fait une référence à l'habitat traditionnel des Tsaatanes. Cette ethnie, dont je viens de parler, se vêt de manteaux en peaux de rennes et vit dans des régions reculées et inaccessibles.

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Nous rejoignons notre campement en suivant la rive du lac et en croisant yaks et chevaux. Le lieu est grandiose.

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   Le lac Khövsgöl mesure 136km de long sur 36km de large. C'est le quatrième plus profond d'Asie Centrale (262m) et la dixième plus grande étendue d'eau douce de la planète. Il représente en effet 2% des réserves mondiales. Les mongols l'appellent "Mère" (comme beaucoup d'autres cours d'eau) par respect et en tant que lieu sacré. La pêche est d'ailleurs interdite. Il se trouve à 1624 mètres d'altitude et est totalement gelé entre décembre et fin février. Il constitue alors un raccourci appréciable mais dangereux pour les camions : 30 d'entre eux ont déjà sombré corps et âme d'après les rumeurs locales. L'hiver, le tourisme se développe également avec la possibilité de randonnées à chiens de traineau, idée importée par un français. En été, pendant la période soviétique, un bateau assurait la traversée. Il a ensuite été privatisé et a fait faillite. Depuis le nautisme est peu développé, juste pour les touristes (petite croisière, kayak ...).

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   Après déjeuner, nous voilà partis pour une activité en apparence banale mais qui, dans le contexte où je me trouve, me paraît bien plus enthousiasmante que bien d'autres. Elle finit même d'effacer la déception de ce matin concernant les rennes et les chamans. Nous allons prendre une douche ! Une vraie. La première depuis Oulan-Bator. C'est une occasion inespérée d'échapper aux lingettes et aux cours d'eau "vivifiante". Bref, quelque chose de très attendu par tout le monde. Ce matin, en passant devant le camp de tipis, nous avons demandé de mettre à chauffer l'eau. Verdict dans quelques dizaines de minutes car il faut y aller à pied et que le camp est à quelques kilomètres du bivouac. Je suis ainsi transporté dans une époque que je n'ai pas connue où l'eau courante à la maison n'existait pas.

Par galanterie, nous laissons les femmes en profiter en premier. Mais l'eau chaude est rapidement épuisée et une seule des quatre douches en délivre encore. J'en profite puisque je passe en dernier. Le pommeau ne fonctionnant pas, il faut se mettre à genoux sous un maigre filet d'eau chaude. Qu'importe c'est vraiment un luxe et un moment très agréable.

   Contrairement à Nelly, Pascale et Antoine, je souhaite beaucoup marcher à présent que je suis revigoré. Je retourne donc au camp à pied avec le reste du groupe.

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Je dépose au passage mes affaires au bivouac et pars à la poursuite de mes trois compagnons de voyage en longeant le lac. Je finis par les rattraper et leur avant-garde, un chien les ayant suivis presque tout du long, vient à ma rencontre. A partir de ce moment, il ne nous a d'ailleurs plus lâchés comme nous le verrons par la suite.

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Quant à nous, nous avons poursuivi jusqu'à une pointe où nous avons trinqué pour la Mongolie. N'ayant une permission que jusqu'à 19h, nous avons ensuite pris le chemin du retour accompagné de notre cerbère à quatre pattes.

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   Au repas, nous avons pu à nouveau goûter des buuz mais cette fois-ci fabriqués par Tuya. Pour la veillée de ce soir, nous nous retrouvons à 4 avec Onon. Super journée, super soirée !

Le temps est plus clément ce soir. A peine couchés, nous entendons des grognements et une bête farfouillant à proximité. Cela dure quelques minutes avant qu'une meute de chiens vienne attaquer l'animal mystérieux. S'en suivirent quelques couinements de part et d'autre, puis de nouveau, un silence absolu.

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