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Mongolie, le Nomad's land
19 novembre 2009

Le calme avant la tempête

Vendredi 18 septembre 2009

   A l'occasion du petit-déjeuner, nous apprenons les mésaventures d'Erka et Baska. D'ailleurs ce matin encore ils font de la mécanique. Nous partons ensuite pour les chutes d'Orkhon à travers la vallée de même nom.

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C'est l'occasion de parler avec Onon du système de santé. En voici un résumé :

Malgré l'aide extérieure fournie pour réorganiser le système de santé, ce domaine a connu d'importants revers depuis la démocratie : hausse du coût des soins, exclus du système, infections en hausse ... Une partie des Mongols préfèrent désormais aller se faire soigner en Chine où les prix sont moins élevés et où aucun visa n'est requis. Ceux qui ont de la famille en Corée du Sud se tournent également vers ce pays où les soins sont de meilleure qualité.

En ville, les hôpitaux comprennent le plus souvent un médecin généraliste, un médecin assistant et des infirmières. L'accouchement se fait dans un bâtiment annexe. A la campagne, les médecins sont appelés par les gens qu'ils croisent. Ils savent ainsi où sont les patients. Ils se déplacent souvent à moto ou à cheval. Leur pharmacie est donc limitée.

Lorsque les médecins s'estiment inaptes à traiter un cas, ils renvoient le patient à son domicile. Une alternative est alors le recours à la médecine traditionnelle (ou chamanisme) et aux rares moines qui possèdent des compétences en la matière. Le cerveau peut en effet "avoir bougé" selon les considérations locales, ce qui est à l'origine de maux. Quant au moine, il peut également soigner des enfants toujours malades en leur changeant de prénom. L'ancien prénom emporte tous les maux.

Pour financer le système de santé qui rembourse une poignée de prestations (consultation + nuit et repas à l'hôpital), des prélèvements et impôts ont été mis en place :

- en entreprise, le prélèvement porte sur 11% des charges patronales et 10% du salaire chaque mois. S'y greffent 10% supplémentaires d'impôts.

- à la campagne : un prélèvement est effectué par an via par exemple un impôt sur le bétail. Les pattes longues coûtent plus que les pattes courtes (les ovins). Chaque année, un inspecteur vient dénombrer le bétail et déterminer le montant de l'impôt. Ainsi, certains éleveurs n'hésitent pas à cacher leurs animaux dans les bois. Les éleveurs doivent également louer leur(s) terrain(s) pour une période de 8 ans. En effet, la terre n'appartient plus à personne si ce n'est à l'Etat. Tout le monde connaît cependant et respecte les pâturages des voisins.

Les traces volcaniques sont omniprésentes avec des bombes de basaltes à chaque pas

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Quelques troupeaux de yaks croisent notre route.

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Quelques heures plus tard, un petit canyon apparaît avec en contrebas la rivière au bord de laquelle nous avons dormi. De nombreux arbres aux couleurs automnales poussent également dans cette dépression.

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Les camps de touristes, bien que fermés à cette saison, sont très présents sous forme d'alignements de yourtes. A peu de distance, nous parvenons enfin à la cascade. Du haut de ses 24 mètres, c'est la plus haute de Mongolie. Malheureusement, son débit varie très fortement en fonction de deux facteurs :

- climatique : lors des fortes précipitations de juillet-août, les chutes se multiplient. En hiver, la rivière gèle et l'eau ne tombe plus.

- humain : la rivière contient de l'or. Des compagnies étrangères exploitent donc sans vergogne le cours d'eau en y rejetant par exemple du mercure ou encore en coupant la rivière. Les chutes disparaissent alors. C'est révoltant d'autant plus que cet or ne profite pas au pays mais est directement exporté. 10% serait extrait du bassin de l'Ongii (nous y passerons dans quelques jours) d'où la baisse de son niveau, sa pollution et la dégradation des écosystèmes. Ce n'est qu'un exemple sur des centaines de cours d'eau pollués par l'exploitation minière en tête desquels les deux plus longs fleuves de Mongolie : la Selenge (là où il y avait le pont de barges) et l'Orkhon. Sur 300 mines exploitées en Mongolie, 70 donnent de l'or. Cela suscite de forts investissements et la convoitise d'étrangers. Cette appropriation des ressources clés du pays par des étrangers est une des causes des émeutes de l'année dernière.

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   Nous récupérons nos véhicules qui ont réussi à nous rejoindre mais l'UAZ a vraiment besoin d'une réparation. Nous rejoignons donc la ville la plus proche pour changer une pièce. Elle s'appelle Bat Ulzii. Nous avons amplement le temps de nous y promener, d'assister au va-et-vient des enfants qui vont à l'école ou en reviennent, de voir le ballet des habitants qui viennent remplir des bidons à la pompe à eau.

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Je pars également me promener seul et attire l'attention des enfants qui ne cessent de me dévisager et de me lancer en anglais de grands "Hi !". Je les prends à mon tour par surprise en leur répondant dans leur langue "Sain bainuu !" déclenchant ainsi un rire mutuel. Dommage que leur langue soit si gutturale : je n'ai pas réussi à apprendre plus que quelques mots pour échanger.

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La réparation s'éternisant, nous allons au restaurant local qui fait également office de bar et de discothèque. Juste à côté, dans un marché en plein air, un commerçant vend des vêtements acquis de façon pas très morale. Mais il faut bien survivre puisque l'Etat n'aide pas les chômeurs ("On n'a rien sans travailler"). Je tairai donc leur provenance.

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Au resto, nous sommes délogés amicalement par un important groupe de Mongols dont un colosse se déplaçant avec un bidon en guise de siège. ;o)

Nous avons encore le temps de nous ravitailler au supermarché du coin pendant que les chauffeurs, revenus du garage, profitent rapidement d'un repas. Antoine en profite pour offrir aux enfants du coin quelques friandises.

   Après 3h30 d'arrêt nous reprenons la piste vers le sud.

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Une heure trente plus tard, à 17h, nous nous arrêtons pour la nuit à proximité d'une ville. Baska y retourne ensuite pour effectuer une réparation un peu plus poussée du circuit d'alimentation de l'UAZ. Nous sommes positionnés sur les hauteurs à l'abri du vent. Pas une seule goutte d'eau pour se laver dans les environs : c'est le retour en force des lingettes. Snif !

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Je ne me sens pas très bien depuis ce matin mais je préfère quand même aller me promener avec Pascale, Nelly et Antoine plutôt que de rester avec 4 râleurs au camp. J'ai un peu de mal à les suivre pendant 1h30 mais la marche m'est profitable et me requinque.

   Après le repas, Onon nous annonce qu'une tempête arrive de l'ouest et va traverser le pays en 4 ou 5 jours. Trois provinces sont déjà enneigées et fermées. Elle nous demande également de nous préparer à lever le camp en vitesse dans la nuit pour se réfugier en ville si la situation le nécessite. Pourtant rien ne laisse présager cela : c'est le calme avant la tempête.

A 23h, les bougies étant consumées, Antoine et moi allons nous coucher. Effectivement, un vent très violent (plus fort que ce que nous avons connu jusqu'alors) se lève, la pluie tombe ainsi que la neige. Mais pas tout à fait au top de ma forme, cela ne m'empêche pas trop de m'endormir.

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