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Mongolie, le Nomad's land
5 novembre 2009

Une nuit dans une yourte chez l'habitant

Mardi 15 septembre 2009

   Pour la seconde fois du séjour, le froid me réveille dans la nuit. Il ne fait vraiment pas chaud malgré mon duvet (léger) et deux couvertures polaires. La nuit se termine tant bien que mal.

Au petit-déjeuner, nous avons le droit à une surprise : les nomades des environs nous ont offerts du yaourt mongol au lait de yaks. Que de générosité ! Le côté acide est plus prononcé par rapport à ceux que l'on connaît chez nous.

   Une petite marche de courte durée permet de s'aérer en début de journée. Puis, nous empruntons à nouveau une des pistes de la veille vers l'est. Nous repassons au pied du Khorgo et poursuivons notre chemin dans une vallée encaissée. Nous arrivons rapidement à un péage dont la principale raison d'être est de collecter de l'argent pour la préservation du Parc Naturel d'où nous venons. Le forfait payé l'est tantôt au véhicule, tantôt au nombre de passagers. Ici, c'est la seconde option qui s'applique.

   Peu après, une ville se profile nous permettant de faire quelques courses. Il s'agit de Tariat. Voici ci-dessous la configuration de tous les "supermarchés" du pays avec un rayon vêtements/quincaillerie, un autre hygiène et un dernier alimentation et boissons (surtout des alcools et des sucreries).

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   Un peu plus loin sur notre route, nous parvenons au Canyon Pierreux. Celui-ci s'étend sur 20km de long pour une profondeur de 100 mètres là où nous nous trouvons.

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A proximité immédiate se trouve l'arbre Zuun salaa ou Arbre aux 100 branches que nous rejoignons à pied. Il est recouvert de drapeaux à prières appelés khadag en mongol, de couleur souvent bleue pour rappeler le ciel. Ce sont ces mêmes drapeaux et écharpes que nous avons déjà rencontrés dans les temples et sur les ovoos de notre parcours. Sur ce site, un safari-photo s'organise pour parvenir à immortaliser un pauvre écureuil affolé ou perplexe mais en tout cas plaisantin.

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    La piste est relativement poussiéreuse le temps étant sec. Il y a de plus pas mal de travaux de "voirie" sur notre chemin d'où la présence de camions soulevant de grands nuages de poussière.

Pour déjeuner, nous nous écartons donc de cette piste. A notre habitude, nous profitons de la préparation du repas pour monter au sommet d'une colline environnante toujours à quatre. Nous évitons dès que possible l'autre partie du groupe qui ne profite pas du voyage et ne cesse de critiquer.

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Et, comme les autres jours, nous effectuons une marche digestive de 30 minutes. Le début du trajet l'après-midi est marqué par une fuite du liquide de frein sur le UAZ. Durant cette pause de très courte durée (c'est dire le talent en mécanique de nos chauffeurs), nous sommes arrêtés à côté d'un enclos atypique par rapport à ceux aperçus jusqu'à présent dans le pays : sa taille est sans commune mesure avec les précédents. A proximité d'une yourte, un cheval est attaché. Les mongols n'appréciant pas les montures dociles, ils changent régulièrement d'animal de monte. L'ancien est relâché parmi le troupeau où il retrouve la liberté tandis que le nouveau est attaché à côté de la yourte, devenant pour un temps, le cheval préféré de l'éleveur.

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   Nous débouchons ensuite dans une vaste plaine traversée par la rivière Khoit Tamir et où se trouve un énorme rocher en granit de 16m de haut. A se demander comment il est arrivé là ? A ce sujet, deux légendes cohabitent :

- Un serpent géant rodait dans la vallée et terrorisait ses habitants. Un lutteur a donc décidé de le combattre et a réussi à l'écraser sous une pierre. La tête du reptile serait à présent sous une montagne au bout de la vallée et sa queue sous un sommet à l'autre extrémité de la plaine.

- Un couple de jeunes tourtereaux s'aimait d'un amour fou. Mais la fille fut achetée à sa famille par un homme riche qui l'emporta avec lui. Elle en a tant pleuré qu'elle a donné naissance à la rivière Khoit Tamir qui porte son nom. Tandis que le garçon, à force de l'attendre s'est transformé en rocher, celui de Thaihar.

A l'origine, ce rocher était couvert d'environ 150 inscriptions en langues différentes dont les plus anciennes remonteraient à l'âge de Pierre. Aujourd'hui, la bêtise humaine a considérablement dégradé cet endroit par de nombreux graffitis sur sa partie inférieure. Pour les mongols, une tradition consiste à tenter de lancer une pierre par-dessus afin de pouvoir exaucer un souhait. Nos chauffeurs n'y sont pas parvenus.

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   Nous reprenons, après cet intermède écoeurant (du fait des dégradations), notre trajet et passons le temps en jouant. Puis, nous marquons un dernier arrêt pour la journée au pied du col de Trois que nous escaladons à pied. Aujourd'hui, il n'est plus trop emprunté car une autre voie en meilleur état a été construite sur le col voisin. Lors de cette montée, je suis amusé par les plaisanteries de la nature : au milieu d'arbres verts se trouve tout à coup un arbre aux feuilles d'or. Contraste saisissant et éloge de la différence.

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Je trouve également à force de chercher un arbre vert au milieu d'un paysage jaunit par l'automne.

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En ouvrant l'oeil, même le coin le plus anodin peut ainsi cacher des éléments insolites. Nous récupérons nos véhicules au sommet à proximité d'un ovoo et plongeons dans la vallée.

   De l'autre côté de celle-ci, nous attend une nouvelle "expérience" : ce soir, nous dormons chez l'habitant dans une vraie yourte ! Le chauffeur de l'UAZ, Baska, a en effet des proches parents habitant là et qui vont nous héberger une nuit dans la yourte mitoyenne dédiée aux invités. Parvenus sur les lieux, la dérobade est quasi générale : plus personne ou presque ne veut dormir dans la yourte notamment en raison de l'odeur de fromage ou de la promiscuité. Je pourrais le comprendre n'importe où ailleurs, mais comment ne pas saisir une telle occasion  qui ne se présentera probablement qu'une fois dans notre vie ? Antoine et moi ne gâchons pas cette opportunité inespérée. Voilà bien une autre expérience que je ne m'attendais absolument pas à vivre en venant ici et qui me comble de bonheur ! Nous partageons donc la vaste yourte à 4 avec Onon et Tuya. Autour de celle-ci, ça s'agite : des cavaliers vont et viennent poursuivis par une meute de chiens aboyant.  Les animaux appartenant à quatre des cinq museaux paissent aux alentours. Une rivière nous en sépare.

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Nous saisissons aussi la possibilité de prendre une seconde douche d'affilée même si l'eau est bien plus froide que la veille. Puis, ayant encore un peu de temps devant nous, nous partons nous balader dans les environs, chacun de son côté. Je souhaite d'abord assister au coucher du soleil mais celui-ci tardant à se produire, je me rabats sur les troupeaux et sur une petite maison délabrée en bois  au milieu de la prairie.

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   Le repas nous transporte à mille lieues d'ici : un genre de maki coréen adapté à la sauce mongole, des frites et pour finir des fraises, les seules du séjour (en dehors de celles de la confiture ou du yaourt industriel). Les mongols ne mangent  pas de dessert comme je l'ai déjà dit. Ils ont à leur disposition surtout des pommes et des pastèques. C'est dire les efforts consentis par l'équipe locale dans le choix des plats pour essayer de contenter tout le monde.

   Tous réunis sous la yourte, nous en profitons pour faire une première photo de groupe. Certaines personnes quittent ensuite l'habitation et ne restent plus que les "satisfaits" c'est-à-dire Nelly, Pascale, Antoine et moi qui profitons à fond du voyage et évitons de nous plaindre constamment. L'atelier lecture terminé, nous sortons quelques minutes avant d'aller au lit. Autour de la yourte brillent tout un tas de pupilles du bétail qui se repose également. Puis, dans la vaste plaine que nous avons traversée en arrivant, des points lumineux apparaissent : d'abord un seul, puis un second et de plus en plus. Les cris ne tardent pas à retentir et nous comprenons alors qu'il s'agit de nomades en train de rabattre leurs troupeaux à la lampe torche. Quel spectacle !

   Nous retournons dans la yourte et nous couchons. Tuya veille sur nous, nous proposant une couverture pour ne pas attraper froid. :o) Mais cela ne risque pas avec le poêle dans lequel se consument encore les dernières braises. Je décide de résister un peu au sommeil pour profiter plus longtemps de cette expérience. Le feu rend peu à peu l'âme dans d'ultimes crépitements. La lueur des flammes qui dansent sur le feutre au-dessus de nos têtes s'estompe lentement jusqu'à l'obscurité quasi-absolue. En effet, l'anneau sommital laisse filtrer le scintillement de quelques unes des étoiles de la Voie Lactée. Dans le même temps, je peux percevoir quelques sons, cris, grognements ou ronflement en provenance du troupeau et celui de l'écoulement des eaux de la rivière. Sur la peau de mon visage, la seule partie dépassant de mon duvet, je peux enfin sentir la température baisser doucement mais sûrement.

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